samedi 7 décembre 2013

Pourquoi décore-t-on les cocktails avec une ombrelle ?

Lorsque la Prohibition est instaurée aux Etats-Unis (à partir de 1919), le bootlegger et le speakeasy font florès. En parallèle, le saloon – un endroit réservé à la gente masculine – a pris du plomb dans l'aile. Durant les Années folles, un vent de liberté souffle, et l'envie de briser certaines conventions sociales font entrer les femmes dans les bars. Elles voulaient être indépendantes, danser, boire, avoir les cheveux courts et vivre l'insouciance des soirées au même titre que les garçons. L'alcool étant interdit et parfois d'une qualité plutôt douteuse, il était coupé avec du jus de fruit afin de le rendre plus agréable en bouche. L'ombrelle dans le verre n'est pas encore présente, mais le terrain était balisé pour son arrivée imminente. Au début des années 1930, alors que la Prohibition (ou Volstead Act) est sérieusement remise en question et que la Grande dépression succède à la crise de 1929 et aux Années folles, Ernest Raymond Beaumont-Gantt alias Donn Beach-Comber, aventurier, bootlegger, voyageur et marin a eu la riche idée de créer aux USA le premier bar restaurant dancing de la Tiki culture (d'inspiration polynésienne) où le rhum occupe une place importante dans la fabrication des cocktails. Et pour accompagner ces derniers, comme le célèbre mai tai, il eu l'idée de décorer le verre avec une ombrelle. Le Don the Beachcomber ouvre en 1934 à Los Angeles, comme le rapporte le Wall Street Journal dans l'un de ses articles. L'ombrelle est là pour insuffler la bonne humeur dans l'esprit du client qui consomme. En temps de dèche économique, il faut bien se changer les idées et les couleurs plutôt chatoyantes et chaudes de la Tiki culture peuvent y contribuer en rappelant les îles. Le geste n'était pas gratuit car le loustic voulait aussi attirer une clientèle féminine qui de toute façon s'éclatait déjà dans les clubs en dansant sur du jazz depuis les années 1920 et ne pouvait que succomber à une boisson sucrée et décorée. Après sa participation à la Seconde Guerre mondiale, Ernest Raymond Beaumont-Gantt a été un pilier de la plage de Waikiki à Hawaï en ouvrant un autre Don the Beachcomber non affilié aux établissements ouverts à la chaîne par son ex-femme. Il est mort à Hawaï en 1989. Rapidement récupérée par ses concurrents, dont Victor J. Bergeron, qui a créé la chaîne de restaurants polynésiens Trader Vic's, rapporte The Straight Dope, la mode de l'ombrelle ce sera donc largement propagée et a bien survécu à son instigateur. La prochaine qu'on essaiera de vous faire croire que ce petit parasol en papier sert à propager votre cocktail des UV, vous saurez quoi répondre.

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