mardi 3 juin 2014

L'esclavage

Les premiers abolitionnistes américains se trouvent d'abord dans les sociétés Quakers de Pennsylvanie : dès 1688, trois d'entre eux, menés par Francis Daniel Pastorius, rédigent et publient la Protestation de Germantown (un quartier de Philadelphie), qui dénonce l'esclavage. En 1759, les Quakers pennsylvaniens s'interdisent toutes pratiques esclavagistes. En 1761, la colonie lève une taxe sur tout esclave importé à l'intérieur de ses limites. En 1767, le livre d'Antoine Bénézet connaît un certain succès jusqu'en Angleterre.
Dans les années 1770, la Société d'émancipation des Noirs libres et illégalement réduits à la servilité est fondée à Philadelphie. Pendant la Révolution américaine, plusieurs intellectuels ont défendu les droits des Noirs comme Thomas Paine, l'auteur du Sens commun (1776). Durant ses dernières années, Benjamin Franklin (1706-1790) fut un fervent défenseur de l'abolition de l'esclavage (il libéra ses esclaves dès 1772). Thomas Jefferson, George Washington, James Madison et Patrick Henry militèrent au Congrès américain pour la suppression de l'esclavage. Le premier président américain affranchit ses esclaves par testament.
L'esclavage est aboli en 1777 dans le Vermont, en 1780 en Pennsylvanie, en 1783 dans le Massachusetts et le New Hampshire. Une loi de 1782 votée en Virginie entraîne la libération de 10 000 Noirs en dix ans. En 1794 est créée la Convention des sociétés abolitionnistes à Philadelphie. En 1783, le Maryland interdit l'importation d'esclaves. En 1786, la Caroline du Nord augmente fortement les droits sur l'importation des esclaves ; l'esclavage disparaît au nord des États-Unis au début XIXe siècle. La Caroline du Sud interdit la traite en 1803.
L'Ordonnance du Nord-Ouest (1787) interdit l'esclavage dans le territoire du Nord-Ouest et établit de fait la limite entre les états esclavagistes et les autres sur l'Ohio. La traite négrière est abolie officiellement en 1808, même si les contrebandiers la poursuivent clandestinement pendant plusieurs années.

Pourtant, lorsque la Constitution américaine entre en vigueur le 4 mars 1789, elle ne remet pas en cause l'esclavage pratiqué dans les États du Sud, afin de garantir l'union de la jeune nation. Si les esclaves sont exclus de la citoyenneté, les États du Sud réclament qu'ils soient comptabilisés dans le recensement qui doit permettre la répartition des sièges à la Chambre des représentants. Cette revendication qui avantagerait considérablement les États-Unis du Sud aboutit à un compromis connu sous le nom de « clause des trois cinquièmes » ; cette disposition ajoute au total de la population libre des différents États « les trois cinquièmes de toutes autres personnes » vivant sur le territoire, c'est-à-dire les esclaves qui, comme dans l'ensemble de la Constitution, ne sont pas désignés directement. L'attorney général du Maryland Luther Martin, représentant de son État à la convention de Philadelphie, refusa la constitution parce qu'elle ne condamnait pas l'esclavage explicitement. La Société de Pennsylvanie pour l'abolition de l'esclavage fit circuler une pétition, signée notamment par Benjamin Franklin en 1790.

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