jeudi 17 juillet 2014

L'Union franco-britannique

L'Union franco-britannique est un projet éphémère d'union globale entre le Royaume-Uni et la France, élaboré à Londres par Jean Monnet et Winston Churchill, et proposé au gouvernement français le16 juin 1940.   
À la suite de l'effondrement des armées franco-britanniques pendant la campagne de France en mai et juin 1940, Jean Monnet lança l'idée d'une union franco-anglaise qui fut suivie par Winston Churchill. La construction d'un axe franco-britannique avait été tentée à plusieurs reprises durant l'Entre-deux-guerres, achoppant la plupart du temps sur des problèmes de politique intérieure. De surcroît, la Grande-Bretagne ne souhaitait pas se trouver engagée dans un jeu d'alliances continentales du fait des amitiés françaises en Europe de l'Est (soutien à la Petite Entente liant la Tchécoslovaquie, la Roumanie et laYougoslavie).
Les discussions à ce sujet se trouvaient toutefois ravivées depuis la déclaration de guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, au point qu'un timbre commun est dessiné en prévision d'une fusion des systèmes postaux. Le 16 juin 1940, la Chambre des communes du Parlement du Royaume-Uni propose l'union des gouvernements du Royaume-Uni et de la République française pour continuer « la défense commune de la justice et de la liberté ».
Le jour-même et suivant à cette délibération, Charles de Gaulle, qui se trouve à Londres, fut chargé de lire au téléphone la note intitulée Suggested Declaration of Anglo-French Unity au président du conseil français Paul Reynaud alors replié avec son gouvernement à Bordeaux. Alors qu'un vif débat sur la conduite à tenir face à la débâcle oppose Reynaud au maréchal Pétain, vice-président du conseil et au général Weygand, généralissime des armées françaises, les premiers mots que De Gaulle prononce au téléphone laissent présager un coup de théâtre :
« Je viens de voir Churchill. Il y a quelque chose d'énorme en préparation au point de vue entité entre les deux pays. Churchill propose la constitution d'un gouvernement unique franco-britannique et vous, Monsieur le Président, pouvez être Président du cabinet de Guerre franco-britannique. »
La note évoque une union fusionnelle des deux pays en une seule nation, avec la formation d'une armée unique et d'un parlement unique, ainsi que la mise en commun des ressources naturelles. De cette manière, la puissante flotte française ne serait plus un risque pour le Royaume-Uni. Mais le jour suivant la transmission de cette proposition, Paul Reynaud, qui devait signer le document avec Churchill à Concarneau, démissionne de ses fonctions. Philippe Pétain le remplace le jour même et entame aussitôt des négociations d'armistice, signé le 22 juin 1940, enterrant le projet d'union.

Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle replace cet épisode historique dans le contexte précédant l'appel du 18 juin. Selon lui, l'Union franco-britannique n'était pas un projet sérieux à long terme mais avait pour objectif de rendre espoir et énergie à ceux qui souhaitaient poursuivre la lutte.

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