jeudi 17 juillet 2014

La quasi-guerre

Entre 1798 et 1800, la quasi-guerre (Quasi-War en anglais) fut une période de conflit larvé entre la France et les États-Unis, véritable guerre maritime non déclarée. Aux États-Unis, le conflit est nommé quelquefois la Guerre non déclarée avec la France (Undeclared War with France).     
Au début de la Révolution française, les relations sont excellentes entre les républicains américains et les révolutionnaires français, mais elles se détériorent après l'exécution de Louis XVI en 1793. Les Français reprochent au gouvernement de Washington le rapprochement avec le Royaume-Uni, les retards de remboursement de la dette (les Américains affirmant que leur dette concerne la France royale et non la France républicaine) et sa neutralité dans les guerres révolutionnaires en Europe.
Début 1794, pour contrer l'augmentation des captures des navires marchands américains par les corsaires barbaresques sur les côtes du Maghreb, leCongrès des États-Unis a ordonné la construction d'une marine militaire pour la protection de leur commerce.
Edmond Genêt, ambassadeur de France à Philadelphie, est révoqué par les Américains après de nombreuses maladresses. Les États-Unis lui fournissent cependant l'asile, et s'opposent à son retour en France, alors confrontée à la Terreur.
Le 19 novembre 1794, le traité de Londres, signé par John Jay, permettant aux Anglais de confisquer les marchandises françaises découvertes dans les navires américains, est vécu par les Français comme une « trahison et violation » des traités bilatéraux de 1778. Le gouvernement de la Convention nationale réplique en immobilisant des navires américains au mouillage dans les ports français et en autorisant des corsaires à arraisonner ceux qui sont en mer.
Peu de temps après, les déprédations commises par les corsaires de la France révolutionnaire et orchestrées par Victor Hugues, commissaire de la République en Guadeloupe, forcent la toute nouvelle US Navy à protéger les expéditions marchandes des États-Unis, qui sont en plein développement.
Le 17 octobre 1797, les américains dénoncent le fait que le navire La Fortitude, du capitaine Jourdain, corsaire français basé au Cap-Français de Saint-Domingue, a pillé puis brûlé, en plein port de Charleston, L'Oracabissa, un bateau anglais chargé d'une riche cargaison.
En 1797, éclate l'affaire XYZ. Des agents du ministre français des affaires étrangères Charles Maurice de Talleyrand exigent des pots-de-vin de la part des émissaires américains venus négocier un traité. Ces révélations provoquent un scandale aux États-Unis, et les parlementaires fédéralistes et anglophiles réclament l'ouverture des hostilités avec la France. Les relations entre les deux pays continueront cependant de se dégrader, pour aboutir à la révocation de l'émissaire Charles Pinckney. C'est le début de l'état de « quasi-guerre », avec des combats navals entre les deux nations, principalement en zone caraïbe.
La quasi-guerre commença le 7 juillet 1798, durant le Directoire, quand le Congrès américain abrogea tous les traités bilatéraux signés au préalable avec la France. Le président John Adams refusa d'engager son pays dans une guerre formelle. Cependant, par mesure de rétorsion, et avec l'autorisation du Congrès, il instaura un embargo sur les produits français, chargea le docteur Edward Stevens de soutenir la révolution haïtienne contre la présence coloniale française et ordonna à la marine américaine de capturer les navires français.

L'US Navy, qui avait pour l'essentiel disparu depuis presque une décennie, fut ressuscitée pour l'occasion, grâce aux Naval Acts de 1794 et 1798. Lors de ce conflit, elle aligna environ 30 vaisseaux, aidés d'un nombre important de bateaux privés. Les escadres américaines parcouraient principalement la côte sud des Etats-Unis et les Caraïbes, à la recherche de corsaires français, puisque leur effectif limité ne leur permettait pas d'escorter en nombre des convois de navires marchands.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire