lundi 18 novembre 2013

Wimbledon

L'univers d'un tournoi du Grand Chelem, tel que Wimbledon, n'impressionne pas seulement les spectateurs. Le Français, Alain Bresson ne vous dira pas le contraire. Il se souviendra longtemps de son premier tour à Wimbledon en juin 1958. Âgé de 18 ans, Alain Bresson est impressionné, tendu et un peu…naïf. Pour son premier match, il est invité à se présenter au All England Tennis-Club afin de connaître son adversaire et son heure. Mais, des joueurs français lui font croire qu'un junior débutant à Wimbledon doit se présenter au contrôle avec une tenue impeccable ; sans quoi, il sera interdit à vie de participer au tournoi. C'est ainsi qu'Alain Bresson se présente timidement devant le juge arbitre, vêtu…d'un costume impeccable, ganté et cravaté. Malheureusement, les mésaventures de Bresson n'étaient pas terminées. A 14h, il rentre sur le court pour affronter un petit espagnol timide : Manuel Santana. Le temps est humide rendant l'herbe légèrement glissante. Les deux joueurs sont tellement tendus et impatients qu'ils s'en rendent à peine compte. Presser de jouer, Bresson sert le premier service avant même que l'arbitre annonce " Play ". Cependant, la précipitation du français lui fait perdre l'équilibre. Il glisse sur la ligne blanche et tombe. Il se relève mais s'étale aussitôt sur l'herbe. 0-15 pour Santana. Deuxième service. Bresson attaque mais sans parvenir à s'arrêter devant le filet. Pour éviter la chute, il saute au-dessus du filet et…termine à plat vendre aux pieds de son adversaire stupéfié. 0-30. Les jeux défilent. Santana, concentré, remporte 6-0 le premier set face à un Bresson qui ne cesse de courir aux quatre coins du terrain, multipliant les cabrioles. Bresson est agacé, rouge de confusion. Le public est mort de rire. Les ramasseurs de balle se mordent les lèvres. Les juges de ligne et l'arbitre ont eux aussi beaucoup de mal à garder leur sérieux. " Alain, tu ne peux pas continuer ainsi, enlève tes chaussures, tu seras plus à l'aise en chaussette " crie au milieu du brouhaha de la foule, Jacques Brugnon. L'ancien champion français ne peut plus supporter ce cauchemar. Sans même réfléchir, Bresson quitte le court et revient sur le court sans ses chaussures. Le public éclate de rire à nouveau. Deuxième set. Premier jeu. Après une faute de Santana, Alain Bresson court rattraper la balle mais…ses chaussettes ne suivent pas !! Il se relève, rouge de honte. Dans les tribunes, c'est le délire total. Le stade est désormais complet. La rumeur a fait le tour du site et les spectateurs sont arrivés en masse suivre cette rencontre insolite. A 3-0 pour Santana, Bresson décide de reprendre ses chaussures mais rien ne change. Il glisse, tombe et se relève avec une rage au coeur. Pourtant, à 6-0 dans le second set, le Français ne perd pas espoir. Santana peut risquer de tomber. Troisième set et…3-0 pour l'Espagnol qui commence avoir pitié envers ce " clown ". Une partie de la foule a, aussi, peu à peu de la compassion. Quant à Bresson, il ne voit plus rien, n'entend plus rien. Ses yeux sont noyés de larmes. Pourtant, sans jamais expliquer comment, le Français arrache son premier jeu. 1-3. Ce court espoir lui offre, un instant, le soutien du public. Malheureusement, ses nombreuses glissades et chutes ne calment pas tous les spectateurs. Lors de la balle de match, le silence du public crispa Bresson qui ne supportait plus les rires ou les acclamations de pitié. 6-1 et balle, set et match pour Manuel Santana. Score finale : 6/0 6/0 6/1. A bout de nerf, Alain Bresson se précipite au filet pour féliciter son adversaire. Il n'a qu'une idée en tête : quitter le court. Il saisit ses serviettes, son sac et ses raquettes mais dans sa précipitation, le Français se prend les pieds dans sa serviette, trébuche, tente de se reprendre avant de terminer par une pirouette. Ses raquettes s'éparpillèrent à cinq mètres. Alain Bresson resta immobile, allongé sur le sol. L'arbitre et Santana étaient effarés. Quant au public, il éclata dans un grand fou rire. Bresson se releva d'un bond et courra vers la sortie sans prendre la peine de ramasser ses affaires. Alain Bresson resta prostré 4 heures dans les vestiaires. Personne ne put le consoler. Il ne sortit des vestiaires qu'en début de soirée par une petite porte de secours…

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