dimanche 18 janvier 2015

L’Origine du monde

La commande de L'Origine du monde est attribuée à Khalil-Bey, un diplomate turc, ancien ambassadeur de l'Empire ottoman à Athènes et Saint-Pétersbourgfraîchement installé à Paris. Présenté par Sainte-Beuve à Courbet, il commanda une toile à ce dernier pour sa collection personnelle de tableaux érotiques. Celle-ci comptait entre autres Le Bain turc d'Ingres (1862) et Le Sommeil, un autre tableau de Courbet connu aussi sous le titre suivant, Les Dormeuses.
Khalil-Bey fut ruiné par ses dettes de jeu et, en 1868, lors de la vente de sa collection, l'antiquaire Antoine de la Narde en fit l'acquisition. Edmond de Goncourt le vit ensuite chez ce marchand d'art en 1889. Selon Robert Fernier, le baron François de Hatvany l'acheta à la Galerie Bernheim-Jeune en 1910 pour l'emporter àBudapest où ce collectionneur hongrois le conserva jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Le tableau est alors encore caché par une autre peinture de Courbet, Le château de Blonay. Cette dernière sera plus tard détachée du cadre commun, puis acquise par le musée des beaux-arts de Budapest.
Le dernier propriétaire du tableau fut Jacques Lacan. Avec l'actrice Sylvia Bataille, il en fit l'acquisition en 1955 pour l'installer dans sa maison de campagne deGuitrancourt dans les Yvelines. Le cache original ayant disparu, le psychanalyste demanda à André Masson, son beau-frère, de construire un cadre à double fond et de peindre une autre œuvre par-dessus. Celui-ci réalisa une version surréaliste de L'Origine du monde, intitulée Terre érotique, et beaucoup plus suggérée7. Le public new-yorkais eut toutefois l'occasion d'admirer pour la première fois L'Origine du monde en 1988 lors de l'exposition Courbet Reconsidered au Brooklyn Museum. Elle sera aussi exposée en 1992 à l'exposition Masson, à Ornans.
Après la mort de Lacan en 1981, puis de Sylvia Bataille-Lacan en 1993, le ministère de l'Économie et des Finances accepta que les droits de succession de la famille fussent réglés par dation de l'œuvre au musée d'Orsay, en 1995.



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