La commande de L'Origine du monde
est attribuée à Khalil-Bey, un diplomate turc, ancien ambassadeur de l'Empire
ottoman à Athènes et Saint-Pétersbourgfraîchement installé à Paris. Présenté
par Sainte-Beuve à Courbet, il commanda une toile à ce dernier pour sa
collection personnelle de tableaux érotiques. Celle-ci comptait entre autres Le
Bain turc d'Ingres (1862) et Le Sommeil, un autre tableau de Courbet connu
aussi sous le titre suivant, Les Dormeuses.
Khalil-Bey fut ruiné par ses dettes
de jeu et, en 1868, lors de la vente de sa collection, l'antiquaire Antoine de
la Narde en fit l'acquisition. Edmond de Goncourt le vit ensuite chez ce
marchand d'art en 1889. Selon Robert Fernier, le baron François de Hatvany l'acheta
à la Galerie Bernheim-Jeune en 1910 pour l'emporter àBudapest où ce
collectionneur hongrois le conserva jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Le
tableau est alors encore caché par une autre peinture de Courbet, Le château de
Blonay. Cette dernière sera plus tard détachée du cadre commun, puis acquise
par le musée des beaux-arts de Budapest.
Le dernier propriétaire du tableau
fut Jacques Lacan. Avec l'actrice Sylvia Bataille, il en fit l'acquisition en
1955 pour l'installer dans sa maison de campagne deGuitrancourt dans les
Yvelines. Le cache original ayant disparu, le psychanalyste demanda à André
Masson, son beau-frère, de construire un cadre à double fond et de peindre une
autre œuvre par-dessus. Celui-ci réalisa une version surréaliste de L'Origine
du monde, intitulée Terre érotique, et beaucoup plus suggérée7. Le public
new-yorkais eut toutefois l'occasion d'admirer pour la première fois L'Origine
du monde en 1988 lors de l'exposition Courbet Reconsidered au Brooklyn Museum.
Elle sera aussi exposée en 1992 à l'exposition Masson, à Ornans.
Après la mort de Lacan en 1981, puis
de Sylvia Bataille-Lacan en 1993, le ministère de l'Économie et des Finances
accepta que les droits de succession de la famille fussent réglés par dation de
l'œuvre au musée d'Orsay, en 1995.
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