mercredi 18 juin 2014

Louis Aragon

Fils naturel et adultérin de Louis Andrieux, ex-préfet de police de la ville de Paris devenu député de Forcalquier, franc-maçon issu de la haute bourgeoisie protestante, et de Marguerite Toucas, jeune fille de la moyenne bourgeoisie catholique qui tient une pension de famille avenue Carnot à Paris, le lieu de naissance de Louis Aragon est incertain  : Paris (sa mère accouchant place des Invalides comme il le raconte dans Je n'ai jamais appris à écrire, ou, Les incipit), Neuilly-sur-Seine ou Toulon (lieu où s'est retirée sa mère enceinte pour « cacher ce malheur, moi »). Il est élevé entouré de femmes. Le nom « Aragon » a été choisi par Louis Andrieux lors de la déclaration de la naissance de l'enfant à l'état civil en souvenir d'un poste d'ambassadeur en Espagne, en Aragon. Afin de préserver l'honneur de la famille maternelle, issue des Massillon, et celui du préfet, l'enfant est présenté comme étant à la fois le fils adoptif de sa grand-mère maternelle Claire Toucas, le frère de sa mère et le filleul de son père. L'œuvre de Louis Aragon portera en filigrane la secrète blessure de n'avoir pas été reconnu par son père, de trente-trois ans plus âgé que sa mère. Il évoquera ce qui fut le drame de sa vie, secret partagé avec sa mère qui lui rendit peut-être la paternité et la transmission d'un nom difficile à envisager, dans un ensemble de trois poèmes intitulé Domaine Privé.

Il est en deuxième année de médecine avec André Breton au « Quatrième fiévreux » du Val-de-Grâce, le quartier des fous, où les deux carabins se sont liés à Philippe Soupault, quand il est mobilisé, à ce titre, comme brancardier. C'est à cette occasion que Marguerite Toucas lui révèle le secret de naissance qu'il pressentait. Sur le front, il a une expérience des chairs blessées, de la guerre, d'une horreur dont on ne revient jamais tout à fait mais qui réapparaîtra constamment dans son œuvre et qui est à l'origine de son engagement futur. Il reçoit la Croix de guerre et reste mobilisé deux ans dans la Rhénanie occupée, épisode qui inspirera le célèbre poème Est-ce ainsi que les hommes vivent ? En 1920, la NRF publie Anicet ou le panorama, roman commencé dans les tranchées.

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