mercredi 18 juin 2014

Louis Aimé Augustin Le Prince

Louis Aimé Augustin Le Prince, né à Metz le 28 août 18411 et disparu mystérieusement le 16 septembre 1890, est un chimiste, ingénieur et inventeurfrançais, l'un des pionniers malchanceux du cinéma.   
En 1881, Louis Le Prince part pour les États-Unis en tant qu'agent de la Whitley Partners, où il demeure avec sa famille après l'expiration de son contrat. Il devient manager d'un groupe d'artistes français. Durant cette période il continue ses expériences sur la production de « photographies mobiles ». Il fabrique un appareil photographique à seize objectifs, dont il dépose le brevet. Cet appareil photographique reprend une technique mise au point conjointement par le Français Étienne-Jules Marey et l'Anglais Eadweard Muybridge, celle de la chronophotographie, utilisant différents procédés pour décomposer, et ensuite étudier, les mouvements des êtres humains ou des animaux, et en général tout phénomène trop rapide pour être analysé par le regard (exemples : chute d'une goutte d'eau, explosions ou réactions chimiques). Le Prince recourt ainsi à seize optiques devant seize plaques de verre enduites de produit photosensible (collodion), dont les instantanés sont produits par une succession d'ouvertures et de fermetures ultra-rapides d'autant d'obturateurs. Après développement du négatif et tirage sur papier, ces chronophotographies peuvent être observées une par une.
Après son retour à Leeds en 1886, Louis Le Prince construit et brevète le 11 janvier 1888 un appareil de prise de vues animées équipé d'un seul objectif, utilisant un ruban de papier non perforé, enduit de collodion, ainsi que le font à la même époque Thomas Edison et son assistant William Kennedy Laurie Dickson. Comme eux, il fait des essais concluants à Leeds et surtout le 14 octobre 1888 dans la propriété de ses beaux-parents à Roundhay (en), un faubourg de Leeds, appelée Oakwood Grange (La grange au bois de chênes). Il tourne ainsi deux ou trois secondes de photogrammes captant le mouvement de personnages en marche. Mais, comme Edison et Dickson, il ne peut arriver à projeter le fragile ruban qui de surplus est opaque (les frères Lumière, au début de leurs recherches en 1894, utiliseront eux aussi le ruban papier, sans chercher à le projeter).
Le court métrage muet de 2 secondes, connu sous le nom d'Une scène au jardin de Roundhay, qui est une reproduction sur film 35 mm effectuée en 1930 à partir des photogrammes fixes de Le Prince, est l'un des premiers essais de films (avec ceux notamment du couple Edison-Dickson), compte tenu de la date de décès (24 octobre 1888) d'un des personnages qui y apparaît alors vivant. Vers la fin du même mois, Louis Le Prince utilise sa caméra pour filmer des tramways, des calèches et des piétons sur le pont de Leeds (Le Pont de Leeds) ainsi que son fils jouant de l'accordéon. Ces images sont-elles projetées sur un écran à Leeds, une par une, par une lanterne magique ? En tout cas, cette prétendue projection alimente encore de nos jours la thèse invérifiable de la première projection publique cinématographique, mais nul document ou témoignage n'est venu depuis corroborer cette allégation. À cette date, Le Prince est sans doute sur la bonne voie avec son appareil que l'on a baptisé « Mk2 », mais il lui manque, comme à tous les chercheurs, une étape, celle de l'invention par l'Américain John Carbutt du film souple transparent en nitrate de cellulose (le celluloïd), commercialisé par l'industriel américain George Eastman dès 1888, sous la forme de galettes de 70 mm de large. Le Prince, malheureusement, meurt ou disparaît avant la commercialisation de cette invention fondamentale qui met fin à la période que l'on appelle le précinéma.
Jacques Pfend, historien du cinéma, spécialiste de Le Prince, signale la découverte récente d'un courrier en date du 18 août 1887, envoyé de Leeds par Augustin Le Prince à son épouse alors à New-York, dans lequel il confie l'état de ses travaux et cite en particulier une expérimentation à Paris, à l'angle de l'avenue Trudaine et de la rue Bochart-de-Saron, quelques jours auparavant. Ce courrier a le mérite d'authentifier et de dater une série de photographies connues sous la désignation de Man Around the Corner.
En septembre 1890, Louis Le Prince se prépare à retourner au Royaume-Uni pour breveter son appareil de projection qu'il vient d'améliorer, ayant prévu de se rendre ensuite aux États-Unis pour le promouvoir. Avant son voyage, il décide de retourner chez lui voir ses amis et sa famille, puis quitte Bourges le 13 septembre pour rencontrer son frère à Dijon. Le 16 septembre, il monte à bord d'un train pour Paris (comme le prouve un courrier de ses nièces à ses filles) ; à l'arrivée de ce train, on découvre qu'il n'y a nulle trace de Le Prince à bord. On ne trouve ni corps ni bagage dans les voitures, ni le long de la voie. Aucune attitude étrange ou agressive n'est signalée parmi les voyageurs.

La police française, Scotland Yard et la famille, entreprennent des recherches exhaustives qui n'aboutissent pas. La réalité et l'ampleur de cette enquête ont depuis été remises en question, plusieurs historiens ayant échoué à retrouver dans les archives de la Police nationale le moindre dossier Le Prince, ou tout autre document relatif à l'affaire ; de plus, Albert Le Prince n'aurait pas déposé de main courante pour signaler la disparition de son frère. Cependant, un imprimé émanant de la Préfecture de Police, daté de 1900 et conservé dans les archives familiales de Memphis, fait état de l'échec des recherches (et corrobore ainsi leur existence).

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