mardi 22 juillet 2014

Bible vicieuse

On désigne sous le nom de Bible vicieuse ou Bible perverse (en anglais : Wicked Bible) la réédition de la Bible du roi Jacques publiée en 1631, à Londres, par Robert Barker et Martin Lucas, imprimeurs royaux. En anglais, elle est aussi parfois appelée The Adulterous Bible - La Bible adultère - ou The Sinners' Bible - Bible des pécheurs. Ce nom vient d'une coquille du compositeur : il avait oublié le mot not (« (ne) pas ») dans le commandement (Exode, 20, 14) « Thou shalt not commit adultery » (« Tu ne commettras pas d'adultère »). L'interdiction de l'adultère devenait ainsi une incitation à le commettre. La Wicked Bible est souvent présentée comme l'exemple le plus significatif des erreurs typographiques constatées dans les différentes éditions de la Bible ; d'après David Daniell, c'est l'erreur qui a causé le plus grand scandale dans l'histoire de la Bible du roi Jacques, et on ne peut exclure qu'elle ait été délibérée.
Environ un an après la publication fautive, les imprimeurs furent condamnés à 300 livres sterling d'amende - soit environ un an de revenus - et privés de leur licence par la Chambre étoilée. Pour John Sandys-Wunsch, la sanction imposée aux imprimeurs est révélatrice du statut de texte sacré protégé par la loi qu'avait la Bible au début du xviie siècle.
L'archevêque de Cantorbéry déclara après la découverte de cette erreur qu'« il [avait connu] une époque où le plus grand soin était apporté à l'impression, en particulier à celle des Bibles, où les bons ouvriers compositeurs et les meilleurs correcteurs étaient des hommes sérieux et instruits, et en tout, parmi les meilleurs, mais [qu']aujourd'hui le papier était de piètre qualité, les ouvriers compositeurs, des adolescents, et les correcteurs, des ignorants ».

Les autorités ordonnèrent la destruction des 1 000 copies de l'édition fautive et le rappel des exemplaires vendus. Il n'en subsiste aujourd'hui que très peu d'exemplaires, très recherchés par les collectionneurs. Au moins onze sont connus, dont un à la New York Public Library, un autre à la bibliothèque de l'université de Cambridge et un au Dunham Bible Museum de l'université baptiste de Houston.

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