La
seule responsabilité de la dune est de se mettre dans une configuration
– taille, forme, etc. – adéquate. Le chant de dune est provoqué par une
avalanche de sable dans la face la plus pentue de la dune, lorsqu'une
congère formée à son sommet par le vent s'écroule. Le son, qui va durer
jusqu'à ce que l'écoulement de sable arrive au pied de la dune, soit
plusieurs minutes, possède une note fondamentale et des harmoniques
clairement définies. Le fondamental est une vibration autour de 100
hertz (entre 65 et 110), ce qui est dans le registre de la voix humaine
et qui donne donc au chant de dune son côté mélopée basse. C'est aussi
un son puissant puisqu'il atteint facilement 100 décibels (un bruit de
marteau-piqueur). On peut l'entendre à 10 kilomètres à la ronde.
On
a longtemps cru que c'était la dune elle-même qui servait de caisse de
résonance. Mais il n'en est apparemment rien puisque ni la taille ni la
forme de la dune n'influent sur la fréquence du chant. Des chercheurs
français du Centre national de la recherche scientifique (2) se penchent
depuis plusieurs années sur ce phénomène afin de mieux comprendre
l'évolution des dunes et du désert.
Avalanche de sable
Et
ils ont même réussi à reproduire en laboratoire le chant des dunes
grâce à un dispositif simple : un anneau en plexiglas contenant du sable
chantant est doté d'un bras motorisé qui permet de brasser le sable.
Celui-ci est donc poussé dans l'anneau à la vitesse voulue. Les sons
produits sont de même fréquence que ceux observés sur le terrain mais
sont moins intenses. En effet, la quantité de sable en mouvement – 10
centimètres cubes – est bien plus faible que dans la nature où elle
atteint facilement le mètre cube.
Après
bien des travaux, aussi bien sur le terrain qu'en simulation, les
chercheurs défendent l'hypothèse que l'avalanche de sable agirait comme
un... laser acoustique. Dans un laser, l'émission de lumière est basée
sur le fait que tous les photons émis – les grains de lumière – sont en
phase les uns avec les autres. Qu'ils «vibrent» tous de la même manière
sur le même rythme. C'est ce qui se produirait dans la couche de
quelques centimètres d'épaisseur de sable qui coule sur le flanc
d'avalanche de la dune.
Pour
comprendre comment le son peut naître, il faut pour cela faire appel au
côté granulaire du sable qui est constitué de l'«empilement» de
millions de grains. C'est un matériau très spécial dont l'une des
caractéristiques est que lorsqu'il veut changer de forme, il doit
d'abord se dilater. Donc aspirer de l'air avant de le rejeter. Le
mouvement synchrone des grains de sable produirait donc des vibrations
de l'air qui, s'ajoutant les unes aux autres, produirait le son du
chant. La couche de sable en mouvement se conduirait donc comme une
membrane de haut-parleur qui transmet ses vibrations à l'air pour faire
naître les sons.
Les
travaux les plus récents de l'équipe française (3) ont montré qu'une
vitesse minimale de 0,45 mètre par seconde était nécessaire à l'émission
du son. Et que la nature et l'état du sable conditionnaient la
possibilité d'émettre des sons. Ainsi, le sable d'une des dunes
étudiées, située à Tarfaya au sud-ouest du Maroc, possède des grains de
sable particuliers. Chaque grain est recouvert d'une espèce de «vernis»,
fait d'argile et de calcite, que les archéologues connaissent sous le
nom de «glasure du désert». Sans ce «vernis», point de chant. L'humidité
du sable est également un facteur déterminant. Ainsi, le sable mouillé
refuse de chanter. Les chants des dunes n'ont pas encore livré tous
leurs secrets.
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