La légende de la licorne date de la Grèce antique. La corne
des rhinocéros était vendue comme étant une corne de licorne, jusqu'à ce que
l'on découvre celle des narvals : longue et torsadée. La dent du narval a
beaucoup contribué à forger l'image que l'on se donnait de la licorne au Moyen
Âge. Les navigateurs, surtout les nordiques (et notamment les danois),
revendaient cette corne pour plusieurs fois son poids en or. Au xvie siècle,
Élisabeth Ire d'Angleterre aurait payé plus de 10 000 livres pour une seule
corne, soit le prix d'un château en entier. Les gens attribuaient des vertus à
ces cornes, telle la faculté de neutraliser les poisons, et se faisaient donc
faire des gobelets dans cet ivoire. Il a fallu attendre 1704 pour que le lien
soit établi avec le narval.
On a longtemps présenté la corne du narval comme une arme de
chasse pour harponner les poissons, ou d'un outil pour briser la glace afin de
permettre au narval de respirer à l'air libre, mais les femelles qui n'ont pas
cet appendice ont la même alimentation et doivent aussi respirer de l'oxygène à
l'air libre à intervalle régulier (entre 7 et 20 minutes).
D'autres hypothèses sous-tendent que cette dent servirait
plutôt à courtiser les femelles telle la queue d'un paon ou encore qu'elle
servirait aux combats entre mâles en rut. Mais aucune étude ne venait étayer
ces hypothèses, malgré le fait que l'on ait souvent trouvé des mâles qui se
frottaient mutuellement la corne (phénomène appelé tusking en anglais) ou qui
avaient des cicatrices sur la peau. On pense maintenant que ces mâles qui se frottaient
les défenses cherchaient plutôt à en éliminer les parasites.
On sait à présent (selon une étude menée par des chercheurs
en médecine dentaire d'Harvard) que cette dent serait en fait un organe
sensoriel extrêmement sensible. En effet, elle renferme près de dix millions de
terminaisons nerveuses qui permettent au narval de détecter les différentes
pressions, les changements de températures et les niveaux de la salinité de
l'eau ainsi que des particules particulières aux espèces animales constituant
son alimentation.
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