mardi 22 juillet 2014

Les Maasai et le 11 septembre

Cela commence comme une légende africaine. Il était une fois, aux confins du Kenya et de la Tanzanie, un petit village masai coupé du monde. Il y a quelques semaines encore, ces éleveurs-guerriers longilignes qui arpentent la savane au rythme du soleil en poussant leurs troupeaux de vaches n'avaient jamais entendu parler des attentats du 11 septembre à New York. Jusqu'à ce que l'un des leurs, étudiant en médecine à Stanford, où la chance d'une bourse et la solidarité financière villageoise l'ont conduit, rentre au village. Et leur raconte le choc de ces drôles de machines volantes dont ils connaissent le sillage blanc traversant le ciel kenyan qui se sont fracassées contre les tours de verre. Les Masai imaginent mal ces immenses maisons hautes comme le ciel, eux qui vivent dans des huttes rondes de chaume où l'on courbe la tête pour entrer. Ils ne comprennent guère comment on peut se tuer en tombant de sa maison. Mais ils sont émus par le malheur de ces Américains qu'ils imaginent mal.
Aussi le village va-t-il décider d'offrir quatorze vaches - le bien le plus précieux pour un Masai - aux Américains dans le malheur. Le chargé d'affaires des Etats-Unis est venu spécialement de Nairobi pour recevoir ce cadeau inhabituel. L'apprenti médecin a fait monter la bannière étoilée, et les Masai ont chanté et dansé. Et comme il est bien difficile d'exporter ces vaches aux Etats-Unis, le diplomate a demandé qu'elles soient vendues et a annoncé qu'il utiliserait l'argent pour acheter des bijoux masai, ces grands colliers faits de petites perles colorées -

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