Cela
commence comme une légende africaine. Il était une fois, aux confins du
Kenya et de la Tanzanie, un petit village masai coupé du monde. Il y a
quelques semaines encore, ces éleveurs-guerriers longilignes qui
arpentent la savane au rythme du soleil en poussant leurs troupeaux de
vaches n'avaient jamais entendu parler des attentats du 11 septembre à
New York. Jusqu'à ce que l'un des leurs, étudiant en médecine à
Stanford, où la chance d'une bourse et la solidarité financière
villageoise l'ont conduit, rentre au village. Et leur raconte le choc de
ces drôles de machines volantes dont ils connaissent le sillage blanc
traversant le ciel kenyan qui se sont fracassées contre les tours de
verre. Les Masai imaginent mal ces immenses maisons hautes comme le
ciel, eux qui vivent dans des huttes rondes de chaume où l'on courbe la
tête pour entrer. Ils ne comprennent guère comment on peut se tuer en
tombant de sa maison. Mais ils sont émus par le malheur de ces
Américains qu'ils imaginent mal.
Aussi
le village va-t-il décider d'offrir quatorze vaches - le bien le plus
précieux pour un Masai - aux Américains dans le malheur. Le chargé
d'affaires des Etats-Unis est venu spécialement de Nairobi pour recevoir
ce cadeau inhabituel. L'apprenti médecin a fait monter la bannière
étoilée, et les Masai ont chanté et dansé. Et comme il est bien
difficile d'exporter ces vaches aux Etats-Unis, le diplomate a demandé
qu'elles soient vendues et a annoncé qu'il utiliserait l'argent pour
acheter des bijoux masai, ces grands colliers faits de petites perles
colorées -
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