jeudi 17 juillet 2014

Le phosphore

La découverte de cet élément est attribuée à Hennig Brandt en 1669 en Allemagne à partir de l'urine. Il obtint un matériau blanc qui luisait dans l'obscurité, et brûlait en produisant une lumière éclatante.
Au cours de ses recherches de la pierre philosophale, c'est-à-dire l'art de convertir les métaux vils ou imparfaits en or et en argent, Brandt s'était imaginé qu'en ajoutant de l'extrait d'urine aux métaux dont il voulait opérer la transmutation, il réussirait plus sûrement dans son entreprise. Mais au lieu d'obtenir ce qu'il cherchait avec tant d'ardeur, il obtint un corps nouveau, lumineux par lui-même, brûlant avec une énergie sans exemple : c'était le phosphore. Surpris de l'apparition de ce corps, il en envoya un échantillon à Kunkel, chimiste allemand, qui s'empressa de le montrer à son ami Kraft de Dresde. Celui-ci le trouva si merveilleux, qu'il se rendit immédiatement à Hambourg dans l'intention d'acheter le secret de sa préparation, et sous la condition qu'il ne le révélerait à personne. Mais Kunkel désirant vivement le connaître, et voyant que Kraft ne pouvait le lui confier, résolut de le découvrir par la voie de l'expérience, et y parvint en 1674, après beaucoup de tentatives infructueuses. Cependant la préparation du phosphore demeura cachée jusqu'en 1737 alors qu'un apothicaire londonien (Godfrey Hankwitz), d'après la recette d'un autre anglais (Boyle) en produisait pour toute l'Europe, sous le nom de « Phosphore d'Angleterre »).
À cette époque, un étranger, s'étant rendu à Paris, l'exécuta en présence de quatre commissaires nommés par l'Académie, Jean Hellot, DufTay, Geoffroy et Duhamel. Ce fut alors que la recette fût rendue publique. Hellot la décrivit avec détail dans les Mémoires de l'Académie pour l'année 1737, et Rouelle la répéta dans ses Cours de Chimie de la même année : elle consistait à faire évaporer à siccité l'urine putréfiée, et à chauffer ensuite fortement le résidu dans une cornue de grès dont le col, par une allonge, plongeait dans l'eau. Il était moulé en cylindres et stocké dans de l'eau préalablement bouillie et à l'abri de la lumière. C'est ainsi que, pendant longtemps, le phosphore fut préparé, si ce n'est que, par le conseil de Margrall, l'on ajouta, quelques années après, un msel de plomb (nitrate de plomb) à l'urine épaissie par évaporation. Malgré cette utile addition, ce corps était toujours si rare, qu'il continuait à passer pour l'un des objets les plus curieux et les plus précieux qu'il fût possible de voir : aussi ne se trouvait-il que dans les laboratoires des principaux chimistes, et les cabinets de quelques gens riches, amateurs de nouveautés. Enfin Gahn, l'ayant découvert dans la poudre d'os calcinée puis décomposée par l'acide sulfurique en 1769, il ne tarda point à publier, avec Scheele, un procédé lui permit de s'en procurer des quantités assez considérables. C'est même ce procédé légèrement modifié que l'on suit encore aujourd'hui. On note que combiné à l'hydrogène, il produit un gaz inflammable. Cela peut expliquer les feux-follets causés par la décomposition de matières riches en phosphore dans les marais.

Le nom dérive du mot grec phosphoros, ce qui signifie "porteur de lumière" et évoque la planète Vénus, l'étoile du berger. Le nom a été attribué au fait que le phosphore blanc émet de la lumière visible dans l'obscurité quand il est exposé à l'air.

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