La découverte de cet élément est
attribuée à Hennig Brandt en 1669 en Allemagne à partir de l'urine. Il obtint
un matériau blanc qui luisait dans l'obscurité, et brûlait en produisant une
lumière éclatante.
Au cours de ses recherches de la
pierre philosophale, c'est-à-dire l'art de convertir les métaux vils ou
imparfaits en or et en argent, Brandt s'était imaginé qu'en ajoutant de
l'extrait d'urine aux métaux dont il voulait opérer la transmutation, il réussirait
plus sûrement dans son entreprise. Mais au lieu d'obtenir ce qu'il cherchait
avec tant d'ardeur, il obtint un corps nouveau, lumineux par lui-même, brûlant
avec une énergie sans exemple : c'était le phosphore. Surpris de l'apparition
de ce corps, il en envoya un échantillon à Kunkel, chimiste allemand, qui
s'empressa de le montrer à son ami Kraft de Dresde. Celui-ci le trouva si
merveilleux, qu'il se rendit immédiatement à Hambourg dans l'intention
d'acheter le secret de sa préparation, et sous la condition qu'il ne le
révélerait à personne. Mais Kunkel désirant vivement le connaître, et voyant
que Kraft ne pouvait le lui confier, résolut de le découvrir par la voie de
l'expérience, et y parvint en 1674, après beaucoup de tentatives infructueuses.
Cependant la préparation du phosphore demeura cachée jusqu'en 1737 alors qu'un
apothicaire londonien (Godfrey Hankwitz), d'après la recette d'un autre anglais
(Boyle) en produisait pour toute l'Europe, sous le nom de « Phosphore
d'Angleterre »).
À cette époque, un étranger, s'étant
rendu à Paris, l'exécuta en présence de quatre commissaires nommés par
l'Académie, Jean Hellot, DufTay, Geoffroy et Duhamel. Ce fut alors que la
recette fût rendue publique. Hellot la décrivit avec détail dans les Mémoires
de l'Académie pour l'année 1737, et Rouelle la répéta dans ses Cours de Chimie
de la même année : elle consistait à faire évaporer à siccité l'urine
putréfiée, et à chauffer ensuite fortement le résidu dans une cornue de grès
dont le col, par une allonge, plongeait dans l'eau. Il était moulé en cylindres
et stocké dans de l'eau préalablement bouillie et à l'abri de la lumière. C'est
ainsi que, pendant longtemps, le phosphore fut préparé, si ce n'est que, par le
conseil de Margrall, l'on ajouta, quelques années après, un msel de plomb
(nitrate de plomb) à l'urine épaissie par évaporation. Malgré cette utile
addition, ce corps était toujours si rare, qu'il continuait à passer pour l'un
des objets les plus curieux et les plus précieux qu'il fût possible de voir :
aussi ne se trouvait-il que dans les laboratoires des principaux chimistes, et
les cabinets de quelques gens riches, amateurs de nouveautés. Enfin Gahn,
l'ayant découvert dans la poudre d'os calcinée puis décomposée par l'acide
sulfurique en 1769, il ne tarda point à publier, avec Scheele, un procédé lui
permit de s'en procurer des quantités assez considérables. C'est même ce
procédé légèrement modifié que l'on suit encore aujourd'hui. On note que
combiné à l'hydrogène, il produit un gaz inflammable. Cela peut expliquer les
feux-follets causés par la décomposition de matières riches en phosphore dans
les marais.
Le nom dérive du mot grec
phosphoros, ce qui signifie "porteur de lumière" et évoque la planète
Vénus, l'étoile du berger. Le nom a été attribué au fait que le phosphore blanc
émet de la lumière visible dans l'obscurité quand il est exposé à l'air.
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