G. Halvorsen était dans le premier groupe d'aviateurs envoyés à Francfort-sur-le-Main pour aider les Allemands à faire entrer de la nourriture, des médicaments et d'autres produits de base par avion pendant le blocus de Berlin en
1948-1949. Les aviateurs ne restaient généralement à Berlin que pour
décharger leur cargaison et refaire le plein de carburant pour leur
avion. Pendant sa journée de congé, en s'approchant de la ville,
Halvorsen trouva une barrière de barbelés qui le séparait de quelques enfants allemands qui jouaient.
« La plupart des enfants s'attroupaient autour de lui en criant et demandant des bonbons et des chewing-gums,
dit-il, mais ceux-là étaient différents. Ces enfants avaient enduré
tant de choses, leur ville avait été pratiquement détruite ; beaucoup
d'entre eux avaient perdu des membres de leur famille pendant la guerre.
Cependant aucun d'entre eux ne demanda de chewing-gums ou de bonbons ».
Il passa à travers la barrière deux tablettes de chewing-gum qu'il
avait en poche. Sans discuter, les enfants divisèrent les petits
morceaux de chewing-gum en morceaux encore plus petits et quand il n'en
resta plus à partager, ils se passèrent le papier d'emballage pour le
sentir. Il dit aux enfants qu'il reviendrait le lendemain et que, s'ils
voulaient bien se les partager entre eux, il lâcherait des bonbons de
son avion en survolant la ville, qu'il inclinerait les ailes de son
avion en signe de reconnaissance et qu'il lâcherait de petits parachutes
faits de mouchoirs.
Le
lendemain, Halvorsen lâcha trois parachutes chargés de bonbons aux
enfants qui attendaient dessous. Pour s'identifier, il remuait les ailes
de son avion, ce qui a conduit à son surnom de « Onkel Wackelflügel » (« tonton qui bat des ailes »).
L'opération se poursuivit sur une petite échelle pendant plusieurs
semaines. Halvorsen commença à lâcher non seulement ses rations de
bonbons mais aussi celles que d'autres hommes de son unité donnaient. Un
jour entrant à ses quartiers, il trouva un paquet de lettres adressées
à « tonton qui bat de l'aile » et à « chocolat volant ».
Il partit rapidement mais fut convoqué par son supérieur quelques jours
après. Son supérieur lui expliqua qu'un bonbon était tombé à
l'extrémité d'une piste, qu'il avait touché un reporter allemand à la
tête et que l'histoire du « bombardement de bonbons » était
maintenant à la une de tous les journaux de Berlin. Le
lieutenant-général William H. Tunner l'approuva, lui permit de continuer
à parachuter des bonbons, en ordonna même l'expansion et la nomma
« Opération Little Vittles ».
Les
militaires contribuaient en donnant leurs rations de bonbons mais aussi
leurs mouchoirs, puis les manches de leurs chemises qui servaient de
parachutes. Enfin ils commencèrent à joindre un mot pour demander de
rendre les parachutes pour qu'ils servent à nouveau ; la plupart des
parachutes furent rendus.
L'opération
prenant de l'envergure, les stations de radio de tout la côte Est des
États-Unis jouaient des airs pour les mouchoirs. Ils invitaient les gens
à envoyer des mouchoirs dans des enveloppes à Francfort. Au plus fort
de l'opération, il arrivait tous les deux jours en Allemagne cinq sacs
postaux pleins de mouchoirs. Les habitants de Chicopee Falls
(Massachusetts), envoyèrent de nombreuses boites en cartons pleines de
bonbons et déjà fixées à des parachutes.
Le Weekly Reader,
journal américain pour enfants, apporta également son appui. Il
encouragea les enfants à l'école à envoyer de petites participations
pour aider les enfants en Allemagne et la réaction fut massive. Les
confiseurs aux États-Unis participèrent également. À la fin du pont
aérien, environ 25 équipages avaient lâché plus de 23 tonnes de
chocolat, gomme à mâcher, bonbons et autres sur différents endroits à
Berlin, et la plupart furent gardés pour Noël et distribués aux enfants
de Berlin-Ouest.
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