Elle est synthétisée pour la
première fois à partir de la morphine en 1874 par C. R. Alder Wright
travaillant au St Mary's Hospital de Londres, mais son potentiel n'est pas
reconnu. Elle est de nouveau synthétisée en 1898 par Heinrich Dreser, un
chimiste allemand de l'entreprise pharmaceutique Bayer qui l'exploitera comme
médicament pour différentes affections respiratoires dont la tuberculose. On
lui donna le nom d'héroïne, du terme allemand heroisch (« héroïque ») parce
qu'on pensait qu'elle permettrait de soigner l'addiction à la morphine sans induire
d'accoutumance, très répandue à l'époque notamment chez les soldats de la
guerre de Sécession ou de la guerre de 1870. Ironie du sort, car la morphine
elle-même avait été préconisée comme substitut à l'opium. On n'a donc pas prévu
que l'héroïne allait devenir l'un des fléaux du xxe siècle. En effet, elle
était vendue librement en pharmacie comme pilule antitussive, contre l'asthme,
la diarrhéeet même comme somnifère pour enfants. À cette époque, la plupart des
substances connues (opiacés, cocaïne, etc.) étaient alors en vente libre en
pharmacie dans la plupart des pays.
L'héroïne devient vite un problème
de santé publique et dès 1918, la Société des Nations s'engage dans une
campagne contre l'héroïne avançant qu'un produit aussi dangereux doit être
supprimé par une action internationale. En 1920, c'est le corps médical
américain lui-même qui en demande la prohibition. En 1923, un premier texte
international réglemente l'usage d'héroïne même si dès 1925 un sociologue
américain Lawrence Kolb souligne que l'héroïne n'est pas criminogène en
elle-même mais est consommée majoritairement par des populations appartenant à
ces milieux.
L'Europe attendra 1931 pour
reconnaître à son tour que le peu d'intérêt thérapeutique du produit ne
compense pas son coût social.
En 1956, son usage médical est
totalement interdit aux États-Unis ce qui ouvrira la voie à la Convention
unique sur les stupéfiants de 1961.
La Convention unique sur les
stupéfiants de 1961 porte principalement sur la coca, l'opium, le cannabis et
leurs dérivés. L'héroïne sera progressivement interdite dans la plupart des
pays à mesure qu'ils adaptent leur législation propre et classée comme
stupéfiant. Elle reste très exceptionnellement utilisée dans certains
traitements de substitution, sous surveillance médicale stricte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire