Les comptes fiscaux du royaume voyageaient avec les rois de
France lors de leurs pérégrinations, car ils servaient de preuves ou de
références et étaient essentiels à l'établissement des chartes et des traités
sur lesquels étaient apposés les sceaux du roi et de ses vassaux.
C'est en raison de la perte de la totalité des comptes
fiscaux du royaume de France lors de la bataille que Richard Ier d'Angleterre
mena contre Philippe II de France en 1194 dans le comté de Blois — le souverain
anglais fit main basse sur les coffres contenant les comptes du royaume de
France et refusa de les restituer — que la décision de rendre les comptes de la
cour sédentaires fut prise par Philippe II qui installa un embryon de Chambre
des Comptes dans l'île de la Cité, le Trésor étant gardé à la Tour du Temple.
Cependant, la première organisation officielle ressort de
l'ordonnance de Vivier-en-Brie de Philippe V de France « le long » en 1320 :
autour du souverain des finances (représentant du roi) siègent des maîtres
clercs, préfiguration des actuels conseillers maîtres.
C'est en 1256 qu'une commission issue de la Cour du roi
(Curia Regis) est mentionnée dans une ordonnance de saint Louis. Elle prescrit
aux « mayeurs et prud'hommes » (les maires) de Haute-Normandie d'établir chaque
année des comptes à lui adresser. Quelques années plus tard, en 1303, la
Chambre des comptes de Paris, qui succède à la Cour du roi en matière de
finances, est installée au Palais de la Cité où elle restera jusqu'à la
Révolution.
À la fin du XIVe siècle, apparaissent les fonctions de
présidents et celles de représentants du ministère public. La séparation des
ordonnateurs et des comptables s'établit en même temps que la Chambre devient
une institution distincte de la Cour du roi.
Puis en 1467, une ordonnance sera prise par Louis XI, au
terme de laquelle les chambres ne deviennent vacantes qu'en cas de mort, de
démission volontaire, ou de condamnation pour forfaiture de leurs titulaires.
C'est alors que les fondements de l'inamovibilité des juges des comptes,
essentielle à leur fonction, sont ainsi posés.
Après la Révolution, le Bureau de comptabilité créé par la
Constituante, transformé en Commission de la comptabilité sous la Convention,
n'a ni l'autorité, ni les moyens de garantir la régularité des fonds publics.
C'est alors que Napoléon Bonaparte, via la loi du 16 septembre 1807, crée la
Cour des comptes, un corps unique centralisé de contrôle des comptes publics.
La Cour des comptes a son siège au Palais d'Orsay, jusqu'à
l'incendie de ce dernier pendant la Commune de Paris en 1871. Elle est hébergée
temporairement au Palais-Royal ; elle gagne en 1912 la rue Cambon, dans un
bâtiment construit d'après les plans de Constant Moyaux, à l'emplacement du
Couvent de l'Assomption.
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