mercredi 28 mai 2014

Xerox

L'entreprise Xerox est principalement connue comme l'inventeur du photocopieur xérographique (sur papier ordinaire) et fabrique également desimprimantes. Son laboratoire, le PARC, inventa la souris et les interfaces à fenêtres. 
C'est à la fin des années 1940 qu'une petite manufacture de produits photographiques de Rochester (New York) du nom de Haloid décide d'exploiter l'invention faite 10 ans plus tôt par Chester Carlson, la xérographie. La conception du premier photocopieur, le XeroX Model A, et le succès des modèles suivants amènent la compagnie à changer son nom en 1958 pour Haloid Xerox, puis le 18 avril 1961, devenant simplement Xerox. Le dernier X de Xerox fut ajouté à l'origine pour donner au nom un aspect similaire à celui d'une autre fameuse entreprise de Rochester, Kodak.
L'essor de Xerox provient principalement de son exploitation du brevet de reproduction xérographique, permettant la photocopie de documents sur papier ordinaire. Ce brevet lui en donnant une exploitation exclusive du procédé sur vingt ans, elle s'est d'emblée organisée pour survivre au-delà de cet horizon prévisible.
Xerox a pour cette raison toujours consacré une large place à la diversification et à l'innovation, bien que ne sachant pas toujours comment rentabiliser ses acquisitions2, ni retenir leurs meilleurs éléments, ni commercialiser ses inventions. On peut suspecter que la marge très importante que souhaitait conserver la compagnie a conduit ses produits informatiques pourtant révolutionnaires (Alto, Star) à ne pas s'imposer sur le marché.
En 1972, au centre de recherche Xerox à Palo Alto - le Xerox PARC - Alan Kay et l'équipe d'Adele Goldberg inventent en effet :
   * le langage smalltalk, qui pousse la programmation objet bien au delà du langage pionnier Simula 67
   * le réseau ethernet permettant la communication indifférenciée d'ordinateurs et de périphérique dans un réseau unique
   * l'interface graphique moderne et les icônes qui peuvent être contrôlées par la souris, inventée en 1963 par Douglas Engelbart.
Ces idées seront exploitées dans des machines expérimentales comme l'Alto, plus tard commerciales comme le Star. Mais ces machines révolutionnaires sont à la fois trop chères et trop lentes avec les technologies et les coûts de l'époque (voir loi de Moore).

Ne sachant que faire, les directeurs de Xerox acceptent de laisser le jeune Steve Jobs rencontrer leurs équipes du PARC, peut-être dans l'espoir d'un partenariat. En novembre 1979 a lieu la visite d'une équipe Apple autour de Jobs au PARC. Des trois techniques présentées (qui ne sont pas encore des technologies), Jobs avouera trente ans plus tard en avoir négligé deux, fasciné qu'il était par la seule interface graphique. La possibilité de manipuler visuellement les informations contenues dans un ordinateur est encore très nouvelle à l'époque. Pour Jobs, c'est la révélation, il vient de trouver la pièce manquante : l'OS doit être masqué pour l'utilisateur, via une interface graphique.
Il retourne au PARC le mois suivant, cette fois-ci accompagné de plusieurs membres de l'équipe de direction, et convainc les responsables du Parc de laisser Apple utiliser la technologie. « il leur a expliqué directement qu'ils avaient une technologie géniale, mais que Apple saurait la rendre suffisamment abordable pour changer le monde », expliqua Steve Wozniak (cofondateur d'Apple). Il n'y aura pourtant pas de partenariat : Apple se contentera d'implémenter ces idées de son côté, puis plus tard de recruter quelques-uns des chercheurs du PARC.
Les idées du PARC essaimèrent alors dans ce qu'on a nommé l'informatique alternative (Apple, GEM4, Atari, Amiga... mais aussi le Modula Computer de Niklaus Wirth), et furent chez Xerox à l'origine de stations de PAO.
La rumeur selon laquelle Jobs aurait "volé" les idées du PARC est exagérée. Jobs a simplement convaincu les responsables de Xerox, qui ne prenaient pas les recherches du PARC très au sérieux, de laisser Apple développer ce que la direction considérait comme un simple gadget. Un accord est d'ailleurs signé et Xerox investit un million de dollars en actions Apple5. En revanche, alors que Xerox se soucie peu de défendre ses droits, Apple sera impitoyable sur tout ce qui ressemble trop à l'interface "Apple"

Steve Jobs fait entretemps travailler sur la question les ingénieurs d'Apple, Inc., qui conçoivent un modèle deux fois moins cher que le Star qui sera baptisé le Lisa; puis en 1984, celui-ci restant trop cher pour le marché, une version dégradée du Lisa qui abandonne (pour quelque temps) son aspect multitâches et en divise encore le coût par deux : c'est le Macintosh, qui viendra à point nommé sauver le prestige d'Apple de l'échec technique et commercial de l'Apple III. Pourtant, cette première version du Mac n'est pas encore en mesure d'effectuer un véritable travail productif, et en 1987 encore, l'Apple ][e représentera pour Apple davantage de revenus que le Mac, dont l'explosion n'a lieu qu'avec les modèles ultérieurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire