L'entreprise Xerox est principalement connue comme
l'inventeur du photocopieur xérographique (sur papier ordinaire) et fabrique
également desimprimantes. Son laboratoire, le PARC, inventa la souris et les
interfaces à fenêtres.
C'est à la fin des années 1940 qu'une petite manufacture de
produits photographiques de Rochester (New York) du nom de Haloid décide
d'exploiter l'invention faite 10 ans plus tôt par Chester Carlson, la
xérographie. La conception du premier photocopieur, le XeroX Model A, et le
succès des modèles suivants amènent la compagnie à changer son nom en 1958 pour
Haloid Xerox, puis le 18 avril 1961, devenant simplement Xerox. Le dernier X de
Xerox fut ajouté à l'origine pour donner au nom un aspect similaire à celui
d'une autre fameuse entreprise de Rochester, Kodak.
L'essor de Xerox provient principalement de son exploitation
du brevet de reproduction xérographique, permettant la photocopie de documents
sur papier ordinaire. Ce brevet lui en donnant une exploitation exclusive du
procédé sur vingt ans, elle s'est d'emblée organisée pour survivre au-delà de
cet horizon prévisible.
Xerox a pour cette raison toujours consacré une large place
à la diversification et à l'innovation, bien que ne sachant pas toujours
comment rentabiliser ses acquisitions2, ni retenir leurs meilleurs éléments, ni
commercialiser ses inventions. On peut suspecter que la marge très importante
que souhaitait conserver la compagnie a conduit ses produits informatiques
pourtant révolutionnaires (Alto, Star) à ne pas s'imposer sur le marché.
En 1972, au centre de recherche Xerox à Palo Alto - le Xerox
PARC - Alan Kay et l'équipe d'Adele Goldberg inventent en effet :
* le langage
smalltalk, qui pousse la programmation objet bien au delà du langage pionnier
Simula 67
* le réseau ethernet
permettant la communication indifférenciée d'ordinateurs et de périphérique
dans un réseau unique
* l'interface
graphique moderne et les icônes qui peuvent être contrôlées par la souris,
inventée en 1963 par Douglas Engelbart.
Ces idées seront exploitées dans des machines expérimentales
comme l'Alto, plus tard commerciales comme le Star. Mais ces machines
révolutionnaires sont à la fois trop chères et trop lentes avec les
technologies et les coûts de l'époque (voir loi de Moore).
Ne sachant que faire, les directeurs de Xerox acceptent de
laisser le jeune Steve Jobs rencontrer leurs équipes du PARC, peut-être dans
l'espoir d'un partenariat. En novembre 1979 a lieu la visite d'une équipe Apple
autour de Jobs au PARC. Des trois techniques présentées (qui ne sont pas encore
des technologies), Jobs avouera trente ans plus tard en avoir négligé deux,
fasciné qu'il était par la seule interface graphique. La possibilité de
manipuler visuellement les informations contenues dans un ordinateur est encore
très nouvelle à l'époque. Pour Jobs, c'est la révélation, il vient de trouver
la pièce manquante : l'OS doit être masqué pour l'utilisateur, via une
interface graphique.
Il retourne au PARC le mois suivant, cette fois-ci
accompagné de plusieurs membres de l'équipe de direction, et convainc les
responsables du Parc de laisser Apple utiliser la technologie. « il leur a
expliqué directement qu'ils avaient une technologie géniale, mais que Apple
saurait la rendre suffisamment abordable pour changer le monde », expliqua
Steve Wozniak (cofondateur d'Apple). Il n'y aura pourtant pas de partenariat :
Apple se contentera d'implémenter ces idées de son côté, puis plus tard de
recruter quelques-uns des chercheurs du PARC.
Les idées du PARC essaimèrent alors dans ce qu'on a nommé
l'informatique alternative (Apple, GEM4, Atari, Amiga... mais aussi le Modula
Computer de Niklaus Wirth), et furent chez Xerox à l'origine de stations de
PAO.
La rumeur selon laquelle Jobs aurait "volé" les
idées du PARC est exagérée. Jobs a simplement convaincu les responsables de
Xerox, qui ne prenaient pas les recherches du PARC très au sérieux, de laisser
Apple développer ce que la direction considérait comme un simple gadget. Un
accord est d'ailleurs signé et Xerox investit un million de dollars en actions
Apple5. En revanche, alors que Xerox se soucie peu de défendre ses droits,
Apple sera impitoyable sur tout ce qui ressemble trop à l'interface
"Apple"
Steve Jobs fait entretemps travailler sur la question les
ingénieurs d'Apple, Inc., qui conçoivent un modèle deux fois moins cher que le
Star qui sera baptisé le Lisa; puis en 1984, celui-ci restant trop cher pour le
marché, une version dégradée du Lisa qui abandonne (pour quelque temps) son
aspect multitâches et en divise encore le coût par deux : c'est le Macintosh,
qui viendra à point nommé sauver le prestige d'Apple de l'échec technique et
commercial de l'Apple III. Pourtant, cette première version du Mac n'est pas
encore en mesure d'effectuer un véritable travail productif, et en 1987 encore,
l'Apple ][e représentera pour Apple davantage de revenus que le Mac, dont l'explosion
n'a lieu qu'avec les modèles ultérieurs.
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